La problématique des locaux collectifs résidentiels dans les résidences sociales

Les résidences sociales des QPV, généralement construites dans les années 1960-70, intègrent pour la plupart des locaux collectifs résidentiels (LCR). Ces « mètres carrés sociaux », calculés en ratio par logement, sont créés pour accueillir des services et activités pour les habitants et notamment pour les jeunes . Une circulaire de 1965 prévoit 3 types d’utilisations possibles :
– « liées au logement » : ateliers de bricolage, buanderie, coopérative d’achat, téléphone
– « collectives » : pour les réunions de jeunes et d’adultes
– « collectives spécialisées » : pour les ateliers clubs.

Pourquoi aujourd’hui réinventer ces espaces et leur gestion ?

En pratique, la gestion de ces locaux est souvent problématique. Parfois confiés à des associations locales peu structurées qui peinent à développer des activités régulières et ouvertes à l’ensemble des habitants, ces locaux sont trop souvent fermés ou mal gérés.

Cette situation est d’autant plus problématique que les besoins sont croissants, dans le contexte de précarisation et de vieillissement de la population de ces quartiers, alors même que les pouvoirs publics peinent à répondre à ces besoins . De même, l’absence d’animation en rez-de-chaussée facilite l’installation d’activités illicites apportant des nuisances importantes (trafic de drogue).

La récente crise sanitaire et la crise économique associée montrent aussi la forte vulnérabilité des populations habitant en QPV et la nécessité de créer des lieux de convivialité, de service et d’accueil des publics. De même, le développement de l’habitat inclusif, nouvelle solution d’intégration sociale des personnes porteuses de handicap ou dépendantes, induit aussi de nouveaux besoins de mise à disposition d’espaces communs pour les habitants et pour des services médico-sociaux. L’enjeu est d’autant plus important qu’il est créateur d’emploi, et donc particulièrement sensible dans ces quartiers.

Les prérequis incontournables pour activer ces espaces : inclusion et innovation sociale et économique

Inclusion sociale : il est essentiel de mixer les publics au sein de ces espaces. D’une part, les besoins des personnes concernées par les problématiques de handicap et de dépendance sont prioritaires et vont aller croissants dans les prochaines années, notamment avec le développement de l’habitat inclusif. D’autre part, ces lieux collectifs doivent être ouverts à tous, les besoins étant importants pour l’ensemble de la population, notamment les jeunes. De plus, l’objectif est aussi de développer des logiques de solidarité et d’interconnaissance entre les différents publics.

Innovation sociale et économique : au vu des défis de gestion, il est nécessaire d’inventer des nouveaux modes de coopération entre institutions, habitants et associations. Il s’agit de créer des nouveaux modèles qui permettent les synergies nécessaires à leur appropriation et à leur pérennité, notamment sur le plan financier.

Les réhabilitations dans le cadre du NPNRU : une opportunité pour inventer et répliquer

De nombreuses réhabilitations de résidences sociales sont prévues dans le cadre du projet de renouvellement urbain de Sevran. Tout particulièrement, la résidence Mazaryk, gérée par Vilogia (290 logements), va faire l’objet d’une réhabilitation ambitieuse, qui prévoit notamment d’activer les rez-de-chaussée, actuellement murés.

Ce sont près de 1 600 m² qui seront recréés. Il est aujourd’hui envisagé de créer des logements inclusifs, qui pourront bénéficier de la situation en rez-de-chaussée et de jardins. Pour répondre au mieux aux besoins de ces ménages et de l’ensemble des habitants, des locaux collectifs résidentiels d’environ 500 m² seront créés pour accueillir des activités, selon un modèle qui reste à inventer.

Cette réflexion de reconquête des LCR peut aussi porter sur d’autres résidences, comme La Roseraie (Vilogia), au sein de laquelle les locaux sont de taille plus réduite (environ 60m²). Plus généralement, le NPNRU prévoit la réhabilitation de plus de 130 000 logements, ce qui constitue un potentiel majeur de réplication de la démarche sur d’autres résidences confrontées à des problématiques similaires.

Au sein du quartier Masaryk à Sevran, expérimenter un local collectif résidentiel (LCR) comme un Commun à l’échelle d’un quartier

Un Commun est une ressource partagée, gérée et maintenue collectivement par une communauté ; celle-ci établit une structure de gouvernance, c’est-à-dire  des règles dans le but de préserver et pérenniser cette ressource tout en fournissant la possibilité de l’utiliser par tous.
Les projets public-communs, défendus par La 27e Région, sont portés par des habitants en partenariat avec la collectivité, et avec des associations ou des entreprises dans certains cas, et permettent le développement ou la valorisation de ressources locales dans une logique de commun.

A travers ce partenariat Public-Communs, nous pourrions expérimenter de nouvelles formes et mécanismes de coopérations et de gestion partagée entre élus, agents publics, bailleurs, habitants et acteurs locaux associatifs et économiques afin d’inventer de nouveaux modes de gestion et d’organisation des LCR. Elle permettrait de mobiliser les ressources locales comme les collectivités territoriales (Ville de Sevran, CG 93), les bailleurs (Vilogia et la Méta, CDC Habitat) ; les habitants ; les associations locales ; les autres acteurs du territoire  notamment ESS et du médico-social.