Quels leviers pour faciliter les pratiques inspirées des communs dans les quartiers en renouvellement urbain ?  

De quelles évolutions concrètes les chef.fes de projets et autres acteurs du renouvellement urbain ont-ils besoin pour développer des approches « en commun » ? Quels sont les points de vigilance à avoir en tête, les ingrédients utiles et fertiles pour ce type de démarche ? Nous avons clôturé notre série d’ateliers organisés avec l’ANRU en produisant ensemble un plaidoyer en cinq points pour plus de communs dans les quartiers en renouvellement urbain.

 

#1. Clarifier les finalités 

Quelles sont les motivations d’une administration et de ses élus pour s’intéresser aux communs : Renouveler leur approche de la démocratie locale ? Soutenir le pouvoir d’agir des habitants ? Prendre soin plus collectivement de la qualité de l’espace publics et des biens collectifs ? Faire face à la baisse des ressources publiques ? Projeter une traduction locale d’une notion perçue comme mobilisatrice et transformatrice ? S’il n’y a pas de bonne réponse, clarifier l’enjeu et être transparent sur les finalités permet à la fois de mieux orienter la démarche et de se garder d’une forme d’instrumentalisation qui susciterait plus de défiance que d’engagement.

#2. Sécuriser les pratiques de communs et les agents qui les portent

Si certains agents sont sensibles à l’intérêt que peuvent revêtir ces pratiques , comme à la manière dont elles renouvellent leur travail, ou offrent de nouvelles perspectives pour l’action publique, ils ne peuvent faire cavaliers seuls. Un cadre d’autonomie suffisant, une commande politique claire, et l’attention aux dissonances entre promesse politique et cadre d’action mis en place au sein de l’administration (outils, management, etc.) sont autant d’éléments facilitants.

#3. Faire culture commune

Culture du dialogue, diversité des rôles, prééminence du terrain et des usages… S’impliquer dans des dynamiques de communs invite les collectivités à d’autres pratiques, postures et relations aux acteurs et au territoire, à ne plus être de “simples” financeurs mais partie prenante des projets par exemple. Si cette approche naît souvent au sein d’un service, en lien avec un élu, elle doit également infuser la collectivité pour être porteuse de transformations réelles . Partager une culture et un vocabulaire commun, des expériences et des ’exemples concrets sur les réussites comme les difficultés rencontrées, faire des liens avec d’autres projets du territoire, sont sur ce plan des éléments facilitants.

#4. Valoriser les initiatives sans les capter

Mettre en lumière et faire connaître les initiatives inscrites dans des gouvernances ‘en commun’ qui contribuent à améliorer la vie sur le territoire et les dynamiques citoyennes, c’est à la fois une forme de reconnaissance et un moteur d’implication. C’est aussi porter une attention à la valeur créée par ces projets, qu’elle soit financière ou en termes de bien vivre, d’inclusion, de qualité démocratique, etc. Pour autant, il est nécessaire de trouver le bon curseur pour respecter l’autonomie, l’agilité, la dimension collective et plurielle de tels projets et être vigilant aux logiques d’institutionnalisation, de normalisation ou de labellisation qui seraient contre-productives.

#5. Prendre soin de l’implication des habitants

Impliquer les habitants et associations locales dans la gestion/programmation est l’un des premier bénéfices des logiques de communs, mais il s’agit également de veiller à ne pas leur en demander trop, de le faire dans de bonnes conditions (en terme de cadre, de transparence, d’horaires, de qualité d’accueil, etc). Par ailleurs, « faire des communs » sans prendre en compte la réalité de terrain, par exemple décréter un commun hors de tout collectif d’acteurs locaux/habitants peut à aussi être contre- productif et créer plus de défiance que de coopération. Il faut également être attentif au temps requis pour ce type de démarche côté collectivité, et à l’implication nécessaire des agents publics.